Idée #619 – Gravir les marches de la Tour de Pise pour sentir les effets de la gravité
[Classement UNESCO : chef-d’œuvre du génie créateur humain – échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture – ensemble architectural illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine – événements ou traditions vivantes, croyances ou œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle] La Piazza del Duomo abrite un ensemble de monuments connus dans le monde entier : la tour de pise. Sur une vaste étendue verte entourée des remparts de la ville, l’ancien Ospedale della Misericordia et le Palazzo dell’Arcivescovato, la Piazza del Duomo de Pise forme l’un des paysages bâtis les plus connus au monde.
Les quatre chefs-d’œuvre de l’architecture médiévale – la cathédrale, le baptistère, le campanile (la «Tour penchée») et le cimetière – ont été érigés entre le XIe et le XIVe siècle proches les uns des autres, constituant un ensemble unique de monuments. Une atmosphère saisissante imprègne le site, émanant de l’interaction du marbre et des mosaïques, de l’alliance des murs nus et des galeries voûtées, des frontons triangulaires et des lourdes coupoles, le tout rehaussé par l’effet saisissant produit par l’inclinaison du campanile.
La construction de l’édifice commence le , une dizaine d’années après le début des travaux de la cathédrale, et s’étale sur deux siècles. Dès la fin de l’ajout du troisième étage, vers 1178, la tour avait commencé à pencher et la construction est interrompue pendant 90 ans. La tour s’est mise à pencher quelques années seulement après le début de sa construction. Implantée sur un site particulièrement ingrat, la plaine alluviale fluvio-marine de l’embouchure de l’Arno, la tour subit un affaissement en raison de tassements différentiels et penche d’autant plus qu’il n’y a pas de fondations. En la regardant de l’est ou de l’ouest, « on voit qu’elle penche moins en haut qu’en bas, car son aplomb a visiblement été progressivement corrigé au cours de son édification : ses constructeurs successifs ont sans doute rapidement compris que le sous-sol du site n’était pas stable. »
La tour a paradoxalement pu résister à pas moins de quatre forts tremblements de terre car le sol argileux qui est à l’origine de son instabilité est aussi responsable de sa capacité à ne pas s’effondrer en cas de séisme. À partir de 1272, les quatre étages supérieurs sont donc construits en diagonale pour compenser l’inclinaison.
La construction s’interrompt alors à nouveau de 1301 à 1350 et ce n’est qu’en 1372 que le dernier étage des cloches, de diamètre moins important, est achevé. Son inclinaison, qui varie avec le temps, est proche des 4° actuellement. Selon les spécialistes, il semblerait même que la tour se redresse peu à peu, sous l’effet d’une déformation. Heureusement, la tour a fait l’objet d’important travaux de stabilisation, avec injection de béton pour créer de nouvelles fondation et s’assurer de pérennité. Lors de son ascension, vous serez surpris par l’effet de la gravité qui se confronte à votre oreille interne… Effet garanti ! Allez, on grimpe!
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La légende dit que Galilée laissa tomber, simultanément du haut de cette tour, des corps sphériques de masses différentes, afin de montrer « devant l’université réunie » que dans une chute ces corps arrivent simultanément, et non pas avec un retard entre eux proportionnel à leur masse, comme le supposait Aristote. Cette légende, encore vive chez les historiens des sciences au début du XXe siècle, fut (malheureusement) battue en brèche par les historiens Emil Wohlwill, dans une publication posthume de 1926, et surtout Alexandre Koyré à partir des années 1930. Mais en fait l’expérience a été faite du vivant de Galilée, notamment par Viencezo Renieri, professeur de mathématiques à l’université de Pise, en 1641, et toutes ces expériences ont conclu que les corps n’arrivent pas simultanément : informé de cela, Galilée s’est contenté de renvoyer son correspondant à son Dialogue dans lequel il est bien précisé que l’arrivée n’est simultanée que dans le vide, notion abstraite, voire considérée comme impossible, à l’époque…
Quelques Images
C’est où ?
Tour de Pise, Pise, Italie.